mardi 6 novembre 2012

La compétitivité, un nid de cocus, salariés ou patrons

Compétitivité, compétitivité, presque un gros mot, non?

Avec 20 milliards d'euros, on espère gommer la différence entre les prélèvements obligatoires en France (26,3%) et en Allemagne (15,6%) qui laissent, pour l'instant un taux de marge moyen entre la France (28%) et l'Allemagne (40%) largement favorable à nos voisins et amis... Ce qui signifie en clair que les entrepreneurs allemands ont plus de moyens que leurs homologues français de baisser leurs prix ou d'investir dans l'innovation pour permettre à leurs entreprises de rester à la pointe.

Mais on n'a toujours pas répondu à cette question sur cette notion complexe de compétitivité. Voici donc l'étude du CNRS de Grenoble qui reprend les indicateurs du Forum de Davos, lequel semble être la base de l'argumentaire de Louis Gallois pour inviter le gouvernement socialiste à agir. Pourquoi celle-là? Parce qu'elle me semble être la plus pertinente pour aborder la question d'une manière simple en en faisant comprendre la complexité.

Si vous êtes arrivé jusque-là, vous êtes mûrs pour le rapport complet du Forum de Davos! 544 pages pas toujours digestes alors je vous en ai extrait la moëlle.

1. Le déficit public est de 84,3% du PIB en France contre 80% en Allemagne.

2. Nos deux économies sont dirigées par l'innovation. C'est important de s'en souvenir.

3. La France occupe le 18e rang à l'index de compétitivité. Au classement, l'Allemagne est 6e. Dans le détail, selon la classification du Forum, la France est à la traîne dans les basic requirements (23e contre 11e pour l'Allemagne), dans les efficiency enhancers (17e contre 13e) et, surtout, sur les questions d'innovation (17e contre 5e).

4. Par quoi la France est-elle "plombée"? Par l'environnement macro-économique (83e rang mondial!!!) alors qu'elle est 4e mondiale en termes d'infrastructures (1re pour les routes, 4e pour les voies ferrées, bien placée pour les communications et l'énergie)! En termes de labor market efficiency, même dramatique constat (68e mondiale)...

5. Et si la situation est loin d'être désespérée, le Forum indique qu'il y a beaucoup à faire en terme de flexibilité du marché du travail, ce à quoi les socialistes se sont refusés pendant la campagne. La France occupe une 113e position!
On the other hand, France’s
competitiveness would be enhanced by injecting more
flexibility into its labor market, which is ranked a low
113th both because of the strict rules on firing and hiring
and the rather conflict-ridden labor-employer relations
in the country.

Or, c'est là que le bât blesse...

L’INSEE donne la définition de la compétitivité-coût  : « La compétitivité-coût compare l'évolution des coûts salariaux unitaires de la France (évolution du coût du travail corrigée de celle de la productivité) à celle de ses partenaires. Le poids donné à chacun des partenaires mesure la concurrence exercée par celui-ci sur chacun des marchés d'exportation de la France. Il prend en compte l'importance du marché pour la France (mesurée par son poids dans ses exportations) et la part détenue par le concurrent sur ce marché.

De la même manière, la compétitivité-prix à l'exportation compare l'évolution de nos prix d'exportation à celle de nos partenaires. Le taux de change peut avoir un impact important sur la compétitivité-prix : une dépréciation de la monnaie nationale entraînera une amélioration de la compétitivité-prix. »

La lecture la plus intéressante sur le sujet est probablement dans ce blog de France Télévisions.

Mais prenons un instant pour compter.

Les charges patronales représentent 26,3% de la production de valeur ajoutée et se sont montés à 300 milliards d'euros en 2011. Autrement dit, la production totale de valeur équivaudrait à 1.145 milliards d'euros. Dans ce contexte, un allègement de 30 milliards ne représente même pas 2%... Loin de permettre à la France de rattraper son retard sur son voisin allemand...

Ce qui explique probablement pourquoi Louis Gallois a été aussi précautionneux, aussi bien sur France 2, préférée hier soir au JT de TF1, que ce matin sur RTL! Pas question d'isoler la question des coûts du reste de la problématique sur les besoins de réforme de l'économie française...

Vers midi et demie, mardi, le gouvernement Ayrault a rendu publics ses arbitrages.

Et les réactions ne tardaient pas à fuser, reprenant notre  postulat de départ, si évident...

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