dimanche 21 avril 2013

Luxembourg: sale temps pour Juncker

Bommeleeër - SREL, deux mots qui ne disent rien en dehors du Luxembourg mais qui pourraient coûter cher à Jean-Claude Juncker. D'autant que le plus ancien Premier ministre en activité en Europe vient de perdre un de ses plus fidèles lieutenants, le ministre (notamment) de la Justice, François Biltgen. Et que la liste des départs s'allonge chaque jour au Kraumart (le lieu où l'on parle de la vie politique). Selon wort.lu, toutes les réponses seront apportées à l'issue du Conseil national du parti, ce samedi.

Premier temps, Juncker doit répondre devant une commission d'enquête parlementaire des activités du SREL, les services secrets du Luxembourg, accusés de différents maux, dont un rôle encore obscur dans le non-éclaircissement d'une série d'attentats dans les années 1980 au Luxembourg. Il ne sait rien, ne dit rien, n'a pas de notes ni d'archives. Le Luxembourg s'est accomodé pour ces questions-là du mode oral, fera-t-il comprendre à la commission parlementaire dirigée par le Vert François Bausch.

Kasel-Biltgen, succession surprise

Deuxième temps, Jean-Jacques Kasel, autre soutien de poids mais plus discret du Premier ministre, annonce quitter son mandat à la Cour de justice de l'Union européenne un an avant la fin de son mandat devant l'urgence d'être opéré.

Troisième temps, la savane luxembourgeoise bruisse des rumeurs pour le remplacer d'une candidature du ministre de la Justice. François Biltgen attendra le discours sur l'Etat de la Nation et la séance suivante pour aller au pupitre de la Chambre des députés annoncer dans une séquence pleine d'émotion qu'il démissionnera de ses cinq porte-feuilles ministériels pour postuler à la Cour. Il se retire de la vie politique puisque les statuts de la Cour prévoient une indépendance de ses juges, mêmes si des exemples d'allers-retours existent. Il assure également que sa santé n'y est pour rien, voyant même dans cette opportunité le rêve de sa vie, la cerise sur le gâteau de sa longue carrière dans l'ombre de Juncker.

SREL, un deuxième centre d'archives

Quatrième temps, surprise, jeudi, au procès du Bommeleeër, ce mystérieux poseur de bombe des années 1980 quand le très médiatique avocat des deux suspects obtient d'un témoin la certitude que les services secrets ont non pas un mais DEUX centres d'archives, le second étant au château de Senningen, centre névralgique des communications de l'Etat et qu'une réunion très importante et très précise sur le Bommeleeër a eu lieu en 2006 et réunissait non seulement Jean-Claude Juncker mais son autre dauphin, Luc Frieden.

Me Vogel invitait les deux hommes à venir s'expliquer à la barre tandis que les écologistes et les libéraux démocrates, les deux forces politiques qui forment l'opposition à la coalition des chrétiens-sociaux et des sociaux-démocrates, demandaient également à réentendre au moins le Premier ministre et quelques autres puisqu'il n'a jamais été question de ce deuxième centre d'archives... Sur son blog, le Vert François Bausch s'étonnait dimanche matin de ces révélations.

Mais dès le début de la session du Bommeleeer, Maitre Vogel a accusé Alex Bodry d'être au courant du deuxième centre de stockage depuis décembre et de n'avoir rien fait puis a demandé une perquisition et une saisie des fiches. C'est en cours, lui a répondu la juge.

Jeudi 25 avril, les Verts et les Libéraux ont demandé des explications au Premier ministre tandis que la commission d'enquête, passée à côté de ce deuxième centre d'archivage et du rendez-vous pourrait être suspendue le temps que la justice s'en occupe...

A un an des élections législatives, qui auront lieu fin mai en même temps que les européennes, le CSV, qui a été de tous les gouvernements depuis 1945 sauf entre 1974 et 1979, le congrès du CSV et quelques réunions bien senties semblaient pourtant avoir calé le dispositif

Jeu de chaises musicales

En une semaine, Juncker se retrouve embringué dans deux endroits qui se rejoignent autour d'une des plus rocambolesques histoire du Luxembourg, sur fond de guerre froide, de CIA, de MI5, et à la recherche d'une équipe gouvernementale où il doit à la fois ménager son allié socialiste très critiqué et simplement trouver des personnalités de poids pour le gouvernement. Ce n'est déjà pas simple de remplacer Biltgen parce que c'est Biltgen mais, en plus, on murmure à droite et à gauche que le ministre de l'Intérieur, Jean-Marie Halsdorf, et la benjamine du gouvernement, la ministre de la Culture, Octavie Modert, auraient eux aussi envie de quitter l'équipe Juncker...

Mercredi, une autre ministre a laissé la porte ouverte vers son départ, Marie-Josée Jacobs, ce qui commence à faire beaucoup

Des départs qui compliqueraient encore la tâche du "Premier": si Gilles Roth, le bourgmestre de Mamer, était effectivement appelé au moins à la Justice, il faudrait trouver un autre bourgmestre pour la localité. Lors des dernières élections qui avaient permis de reconduire la coalition CSV-LSAP, c'est Luc Feller qui avait recueilli le plus de voix dans le camp du CSV après l'actuel bourgmestre. A la chambre des députés aussi, il faudrait remplacer M. Roth, par le bourgmestre de Petange, Pierre
Mellina.

Le CSV on Tour est lancé

Et si on ajoute, par exemple, celui que l'on présente comme le jeune stratège du parti, Laurent Zeimet, qui a réussi à reprendre la commune de Bettembourg aux socialistes à la faveur d'une alliance avec les Verts, il devra imposer Christiane Doerner, numéro 2 de sa liste sans se fâcher avec Déi Gréng qui ont eux aussi besoin de visibilité dans la perspective des législatives.

Enfin, les élections sociales auront lieu à l'automne, un véritable baromètre pour les législatives mais très consommatrices d'énergie pour les principales centrales syndicales...

Pour l'instant, rien n'a filtré des discussions au sein du gouvernement. Mais il est certain que cela va s'accélérer dans les prochaines semaines: si Biltgen a médiatisé son départ, on imagine mal comment le Luxembourg n'en ferait pas son candidat pour la Cour de justice européenne...

Comme si de rien n'était, lundi matin, le CSV a lancé les premières dates de son CSV on Tour, où les cadres du parti vont à la rencontre des électeurs pour débattre sur l'Etat de la Nation.

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