mardi 22 octobre 2013

Luxembourg: les Verts prêts au suicide?

L'information a secoué le Luxembourg lundi soir: les trois partis qui ont terminé 2e, 3e et 4e des élections législatives de dimanche, le DP (les libéraux), le LSAP (les sociaux-démocrates) et Déi Greng (les Verts), se sont dépêchés de tenir chacun une réunion spéciale qui permette de leur donner mandat pour négocier une coalition à trois.

Pourquoi si vite? Parce que le Grand-Duc doit désigner soit un informateur, soit un formateur.

Quand une situation politique est compliquée, un informateur doit dégager le terrain pour que l'on parvienne à une majorité qui puisse faire fonctionner la Chambre des députés. Un formateur, lui, devrait commencer à négocier une coalition pour atteindre le même objectif mais le formateur a toutes les chances de devenir Premier ministre.

Après les élections, la situation est la suivante. Il faut 31 députés pour avoir la majorité:

  • CSV: 23
  • DP: 13
  • LSAP: 13
  • Déi Greng: 6
  • ADR: 3
  • Déi Lenk: 2
Il faut au moins deux partis pour y parvenir:
CSV+DP; CSV+LSAP (la coalition sortante); DP+LSAP+Déi Greng


Premier dans la plupart des communes, premier parti en nombre de sièges, le CSV entend jouer le rôle principal avec son chef de file Jean-Claude Juncker.

Pour renvoyer le CSV dans l'opposition, pour la première fois en 40 ans, les trois suivants sont prêts à s'allier, quitte à s'asseoir sur leurs clivages politiques.

Les Verts, qui ont perdu du terrain, peut-être parce que l'énergie qu'ils ont mise dans le demêlage des affaires a relégué leurs thématiques classique au second ou au troisième plan mais aussi parce que le gouvernement sortant a mis en place quelques idées dont ils étaient à l'initiative, seraient prêts à gouverner avec les libéraux. La seule ligne de conduite des affaires entre les deux seraient de défendre une révolution énergétique certes avant-gardiste mais coûteuse. Trop coûteuse au vu de la situation des finances. Sans cela, il y a fort à parier que le plus gros des deux, le DP, fasse oublier le moins gros, Déi Greng. Et donc que la volonté absolue de faire chuter Juncker se traduise simultanément par la disparition des écologistes du paysage politique.

Car cette année, les Verts étaient dans une configuration qui tenait à la matûrité. Des hommes politiques connus et reconnus, plutôt en costume cravate que dans la posture de ces écologistes qui ont animé les mouvements il y a vingt ans... Gouverner sans être en mesure de faire avancer leur cause, c'est un pari audacieux que le parti a déjà entamé. Si l'on regarde le programme de campagne officialisé le 14 septembre, l'écologie n'est plus la seule thématique. Elle est rejointe par le développement d'un marché du travail durable.

Les Verts ont perdu une partie de leur âme d'enfant. Iront-ils au bout de ce relooking qui laisse visiblement leurs électeurs perplexes?

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