vendredi 28 décembre 2012

Chantier naval: un fiasco "à la Mittal" se prépare



Une fois encore, on manque de la plus élémentaire prudence au moment de commenter l'annonce d'un chantier à un milliard d'euros pour Saint-Nazaire - le chiffre du ministre de l'Economie, Pierre Moscovici - grâce à un des plus vieux clients des chantiers.

Car si on peut et on doit se féliciter de ce contrat (au moment où 1.000 personnes rejoignent chaque jour la cohorte des chômeurs en France) qui doit donner dix millions d'heures de travail - ce qui fait grosso modo 120 semaines de travail pour les 2100 salariés à raison de 40 heures par semaine - il y a une autre lecture à faire de cette actualité.

Créé en 1993, STX France et ses trois filiales (STX France Lorient, STX France solutions et STX France Cabins) appartient pour 33,33% à l'Etat français par l'intermédiaire de son Fonds stratégique d'investissement et pour les deux autres tiers à STX Europe.

Oubliée la success story

Remontons donc d'un cran: STX Europe gère quinze chantiers directement, en Finlande, en France, en Norvège, en Roumanie, au Brésil et au Vietnam et a des parts dans des chantiers navals en Allemagne et en Ukraine. Cette structure est une des filiales de STX Business Group, qui détient 100% des parts.

Et c'est là que commence le problème. STX Business Group est un modèle économique asiatique du même type que l'aciéiste Mittal. Petit poisson devenu de plus en plus gros en Corée du Sud au point d'acquérir une stature internationale! Dans l'organigramme de la société, STX Offshore and shipbuilding, STX Engine, STX Corporation, STX Pan Ocean et... depuis 2008 STX Dalian Shipping.

Comme tous les autres, Duk Soo Kang, le big boss a rêvé de faire son trou en Chine. C'était juste avant le début de la crise économique et financière. Il y a englouti toutes ses économies. Et désormais, il y engloutit son groupe, pièce après pièce. Le 21 décembre, le "legendary salaryman" a lâché pour près de 3 milliards de dollars d'actifs du groupe pour payer ses dettes... La pilule est dure à avaler pour ce très remarqué businessman coréen, comme en témoigne la liste des récompenses qu'il a reçues ces dernières années.

Deux financiers aux aguets

Mais il n'a guère de choix: son très étroit comité directeur compte deux financiers sans pitié: Keen Whye Lee  de Strategic Alliance Capital et Sung Hyon Sok de Summerstone, deux directeurs indépendants, selon le site internet de STX Group, mais qui viennent tous les deux de Singapour et sont des spécialistes de la finance de sociétés...

Et pendant que le patron démantèle en vitesse et sans en faire trop de publicité, STX Europe dévisse: moins 15% de chiffre d'affaires au troisième trimestre 2012 et plus de cash comme en témoignait déjà le bilan 2011...

Le 21 décembre également - toujours la même date signe d'une action décidée au plus haut niveau - STX Europe a vendu ses parts de STX OSV (50,75%) à l'Italien Fincantieri Oil&Gas.

Il conviendra donc, avant de trop se félicite de ce chantier, de ne pas perdre de vue le futur de cette société... Que ferait l'Etat français de 33,3% de parts si d'aventure, le démantèlement se poursuivait à ce rythme?

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