samedi 12 janvier 2013

L'intervention au Mali? L'échec de Hollande en Algérie

Un tournant pour Hollande? L'intervention au Mali, préparée par la France devant la fuite silencieuse des Africains eux-mêmes, notamment de l'Union africaine, profiterait au président français. Une analyse gratuite nulle part argumentée au-delà du manichéisme traditionnel. Le bien, nous, contre le mal, les islamistes.

Pourquoi intervenir au Mali et pas en Syrie?

Principal problème: l'absence d'opposition, à laquelle les Assad se sont consciencieusement attelés depuis un demi-siècle. Du coup, pas question d'aller risquer un vide politique dans un pays hypersensible et dans une région où son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, est massivement intervenu sans beaucoup de résultats notables à bien y regarder... La Libye, l'Egypte ou même la Tunisie sont loin d'avoir tiré bénéfice des printemps arabes... Au Mali, comme souvent dans cette région de l'Afrique, il ne manque jamais de candidats à la succession politique, souvent d'ailleurs formés dans les meilleures universités françaises, britanniques ou même américaines pour les plus chanceux d'entre eux.

Pourquoi intervenir maintenant?

La situation au Mali n'est pas nouvelle. Certes, les islamistes semblent avoir décidé de passer à l'offensive mais il faut rechercher l'origine des troubles dans le pays pour s'apercevoir que les islamistes ne sont "qu'opportunistes". Hollande, qui accumule les déconvenues depuis son entrée en fonction bien que les communicants roses pratiquent allègrement la méthode coué façon "c'est super, il fallait le faire", a besoin de stopper l'hémorragie de sa popularité qui sape l'action de son gouvernement. S'il y a, par exemple, de pseudo-spécialistes qui imaginaient que Pierre Moscovici pourrait succéder à Jean-Claude Juncker à la tête de l'eurogroupe, c'est qu'ils connaissent mal les arcanes européennes où les grands États membres ne goûtent guère de voir quelqu'un d'un rival occuper une fonction stratégique... Du coup, toujours aucune bonne nouvelle à annoncer à ses électeurs...

Pourquoi la France donneuse de leçons joue sa carte en solo?

J'aimerai connaître la réponse à cette question... La crise, les crises comme préfère dire l'ex-directeur de la Banque européenne d'investissement, Philippe Maystadt, dans un ouvrage que nous publierons très prochainement, ont considérablement affaibli l'idéal européen. Et de nombreux opportunistes politiques européens préfèrent passer sous silence les bénéfices de l'UE pour caresser les populistes dans le sens du poil. Outre les discussions sur l'avenir de la Grande-Bretagne dans l'UE - beaucoup de théâtre cameronisé à mon sens - l'Allemagne entre dans une longue campagne électorale. Généralement un moment où il ne se passe pas grand chose. En allant seul au Mali, avec la bénédiction de l'ONU bien contente de trouver des soldats, Hollande appuie encore sur l'inutilité de l'Europe. Une politique de la terre brûlée à très court terme alors même que la France rapatrie ses troupes d'Afghanistan, où les prochains mois reverront les Taliban revenir en force.

En réalité, la décision de François Hollande marque l'échec des Occidentaux en Algérie, où tous les ténors de la politique internationale sont passés, de Clinton à Hollande en passant par Monti. Lisez cette excellente analyse-prospective: http://ecfr.eu/page/-/ECFR69_ALGERIA_MEMO_AW.pdf. Les diplomates espéraient pouvoir jouer deux cartes au Mali: l'Algérie et le Burkina Faso. Ils avaient juste oublié que le pays des hommes intègres (la signification du nom du pays en français) avaient eux aussi une élection à gagner. Or les résultats ont fragilisé le pouvoir, occupé à ramener le calme...

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