dimanche 10 février 2013

Crèches - périscolaires: comment Hollande peut tenir une promesse de campagne en un décret

La France a fait un bond en avant sociétal! Si, si! Après des semaines de pathétique marathon législatif, nos députés ont fini d'examiner des milliers d'amendements pour tenter d'empêcher le mariage pour tous. Personnellement, j'aurais tendance à considérer que le cocorico du progrès social devrait être plutôt dédié à l'octroi d'un emploi pour tout le monde, de conditions de vie décentes ou d'une éducation qui donne à l'enfant puis à l'adulte les meilleurs outils pour s'épanouir, mais bon...

En dehors des médias, je ne suis pas sûr que le quidam de la rue se rase le matin en pensant au mariage pour tous comme le truc qui manquait à notre belle société...

Tenez, par exemple, les maires ont commencé à organiser des conseils d'école pour tenter de mettre en œuvre la réforme Peillon. Là encore, on sait bien que chaque ministre de l'Education qui est passé au gouvernement a voulu lui aussi laisser son empreinte sur la société. Mais restons dans la réalité de nos vies de tous les jours et pas dans l'idéologie... Pourquoi se jeter dans la réforme Peillon, en dehors du fait que les récalcitrants devront obtenir une dérogation pour ne pas avoir mis cela en place dès la rentrée prochaine? Parce que le ministre a mis une carotte financière de 50€ par enfant concerné plus 40€ autres pour les zones défavorisées pendant deux ans...

Les enfants du primaire iront donc à l'école une demi-journée de plus pour avoir des journées moins chargées. Vous aurez remarqué que j'ai dit "moins chargées" plutôt que moins longues puisqu'il y a fort peu de chances que leurs parents puissent revoir leur organisation en temps crise et en deux claquements de doigts. Du coup, ils devront payer davantage de temps en crèches et autre structure périscolaire pour prendre en charge leur enfant.

Une charge financière supplémentaire doublée d'un que problème: quelle structure pour les accueillir? Il en existe de multiples formes mais avant même le début de la campagne de François Hollande, on savait déjà, par exemple, qu'il manquait 300.00 places d'accueil pour la petite enfance... 

Quelle solution?

Elle ne va tarder à voir le jour: selon la note d'explication du ministre, la ministre de la Jeunesse et des Sports, Valérie Fourneyron, prendra un décret, dans les semaines à venir, qui permettra à l'encadrement de passer de dix enfants de moins de six ans à quatorze (soit 40% d'enfants en plus) et de 14 à 18 pour les enfants de plus de six ans. Autrement dit, pour des activités plus spécifiques, chaque personne aura davantage d'enfants à sa charge. Logique, non? Si l'on se base sur le très intéressant rapport de la CAF, cette mesure augmentera de 147.000 places, le nombre de places dans une structure d'accueil collective (soit 11.338 établissements qui accueillaient au 1er janvier 369.267 enfants).

D'ailleurs, un petit tour d'horizon de l'accueil des 4,9 millions d'enfants de moins de six ans?
   859.000 ----> chez une des 301.600 assistantes maternelles qui ont eu l'autorisation de passer de trois à quatre enfants il y a quatre ans. Dans l'absolu, il y a là un potentiel de 350.000 places non utilisées, ce qui devrait faire l'objet d'une étude...
     47.300 ----> par une salariée privée
   369.000 ----> dans une des 11.338 structures collectives
2.545.000 ----> dans une des 97.900 classes préparatoires à l'école dans laquelle œuvrent 95.638 enseignants (vous remarquerez au passage qu'il en manque plus de 2.000), des enseignants dont 88% viennent de la Fonction publique.

Restent donc 1,1 million d'enfants qui échappent à ces ÉVALUATIONS de l'Etat, donc probablement gardés par un parent, un grand-parent ou un frère ou sœur...

Le coût de garde des enfants de moins de six ans engloutit 23 milliards d'euros chaque année du budget de l'Etat. Et porte en germe des problèmes fondamentaux de notre société: l'accès des femmes  au monde du travail, l'intérêt de ces bouts de choux contraints à des journées de près de 12 heures hors de chez eux, à faire ce qu'on leur demande, etc.

Juste pour finir, avec tout le respect que j'ai pour les enseignants, dans un métier difficile dans une société compliquée, il y a des argumentaires avec lesquels j'ai vraiment du mal... Comme celui-là, où le SNUIPP évoque comme inconvénient une hausse de 25% des frais de transport, plus de temps de transport pour les enseignants loin de leur poste ou encore la difficulté à joindre deux agendas quand deux enseignants vivent ensemble...

Une réforme contre laquelle tout le monde semble désormais vent debout, même ceux qui sont arrivés aux mêmes conclusions que le ministre dans un gouvernement précédent...

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