vendredi 29 mars 2013

L'autre problème de Chypre: la Turquie

Chypre. Ses banques. Ses milliards russes. Ses milliards de dettes. Son bank-run imaginé par les journalistes européens et qui n'a finalement pas eu lieu. Comme si le choix du gouvernement chypriote, pour douloureux qu'il soit, avait été le plus judicieux. Pas le meilleur mais le plus judicieux.

La seule solution raisonnable de se sortir un jour de sa situation actuelle: jusqu'à six cents milliards d'euros en gaz dorment au large des côtes chypriotes... Auxquels il n'est pas possible de toucher. Pas avant 2018 au mieux. Pour les observateurs américains, la cagnotte serait encore plus prodigieuse...

1.000 milliards de mètres cubes de plus que la totalité des autres pays européens

Et encore. Car évidemment le voisin turc lorgne avec attention sur le sujet et le gigantesque potentiel! Même prêt à mettre la main à la poche pour aider Chypre à condition que la partie grecque adopte la livre turque... Une déclaration chambreuse qui masque le premier boycott, d'ENI, par la Turquie qui avait annoncé dénoncer les accords de 2010 entre Israël et Chypre pour l'exploitation de ces champs gaziers... Pourquoi? Parce que la propriété de ces réserves est en débat, les Turcs expliquant que tous les Chypriotes doivent pouvoir en profiter, autrement dit y compris ceux qui sont dans la partie turque de l'île...

Au point de vouloir relancer des discussions sur l'avenir de l'île, une idée aussitôt dénoncée par la Grèce.

Au point que la diplomatie grecque s'est affairée à informer les journalistes vendredi en publiant in extenso la lettre que le ministre grec des Affaires étrangères, Dimitris Avramopoulos, a expédié à son homologue pour lui parler du pays... Histoire de lui rappeler que 37% de l'île de Chypre sont occupés illégalement grâce au soutien de l'armée turque, excluant autre chose que la libération de cette surface et la garantie pour les Chypriotes "déplacés" - c'est moi qui souligne ce mot sensible - vers leurs terrains - maisons d'origine, en grande partie revendu(e)s à de nombreux européens, notamment britanniques, puissent récupérer leurs biens...
"It goes without saying that in a reunified Cyprus, the exploitation of natural resources will be to the benefit of all its citizens."
 Le chef de la diplomatie grecque invite du reste la Turquie à débarasser le plancher et à laisser les Chypriotes, quel que soit leur localisation, arranger leurs affaires...

Mais les Chypriotes semblent nettement plus enclins à écouter les propositions russes: plus de cinq milliards d'euros contre l'abandon des taxes sur les avoirs russes et des permis d'exploitation pour Gazprom, comme Moscou en a déjà avec la Biélorussie et l'Ukraine... Ce n'est pas énorme mais c'est déjà beaucoup.

Les Turcs ne lâchent pas l'affaire et ont expédié toute la diplomatie à l'assaut de toutes les possibilités d'avoir accès sinon à la totalité du moins à une partie du gaz chypriote. La dernière en date? Jeudi, le ministre turc des Finance qui affirme sans sourciller que sans aide, Chypre ne parviendra pas à exploiter ses ressources...

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