lundi 22 avril 2013

L'Eldorado européen... c'est la Turquie!

Je vois déjà les anti- "adhésions de la Turquie à l'Union européenne" ruer dans les brancards mais c'est un fait. Après le gros coup de comm' des Européens, disons des gouvernements les plus conservateurs de l'Union européenne, les autres invoquant la "Forteresse Europe" comme le spectacle pathétique d'une Europe insensible à plus malheureux qu'elle, je serai curieux de savoir aujourd'hui quels commentaires ces mêmes sociaux-démocrates pourraient oser pour qualifier le bilan de l'Agence Frontex publié dans une sorte d'indifférence générale... D'ailleurs son titre est déjà une provocation... Annual RISK analysis...

Que dit le rapport? Sommairement j'entends parce qu'à sa lecture, on obtient une vision nettement plus contrastée... Que le nombre de ceux qui essayaient de rallier l'Europe en toute illégalité a diminué de moitié entre 2011 et 2012. Il est même passé sous la barre des 100.000 personnes pour la première depuis l'entrée en vigueur en 2008 de l'échange automatique d'informations (non pas bancaires, je vous vois venir...).

La faute à.... La faute à? La faute à la réaction des Grecs qui ont érigé un mur à leur frontière terrestre avec la Turquie et ajouté quelque 1.800 policiers pour surveiller tout cela. Du coup, les routes de l'immigration ont un peu changé - mais c'est bien connu les trafiquants ont toujours besoin d'un peu de temps pour faire évoluer leurs stratégie - celle passant à l'ouest des Balkans faisant un nouveau bond (+37% en un an), tandis qu'avec l'évolution du (des?) printemps arabe(s), les arrivées entre l'Afrique et l'Espagne sont en chute libre (-25%). Peut-être aussi la faute à une situation économique qui s'est fortement dégradée en Espagne...

Mais ce tableau - je ne vous parle même pas de l'évolution stabilisée du nombre d'illégaux biélorusses ou ukrainiens via la Pologne - cache en réalité deux phénomènes qu'il faut prendre en compte.

  • D'abord, l'explosion encore modeste de l'arrivée de Syriens, qui quittent un pays en pleine guerre civile depuis deux ans maintenant sans que la communauté internationale ne donne ces signes forts qu'on lui a vu donner en Libye ou en Tunisie...
  • Ensuite, les Afghans, une population qui a été divisée par trois en deux sur les chemins de l'exil vers l'eldorado européen s'arrêtent de plus en plus en Turquie. C'est même devenu une alternative à l'Iran, qui avait accordé un répit de deux ans à près de trois millions d'entre eux, affirment des rapports, mais qui les renvoie désormais sur les routes de l'exil... 
Mais là encore, le passage en Turquie est un leurre à moyen terme si l'on en croit le travail mené par Frontex sur ceux qu'elle appelle les "facilitateurs" - ceux qui trouvent ou fabriquent des papiers pour les illégaux: la plupart viennent d'Istanbul.

Je serai aussi curieux de connaître le point de vue de ceux qui critiquaient les positions sur les retours puisqu'à peine plus de la moitié des décisions ont été excutées selon le rapport (159.490 sur 269.949).

Autant de réflexions qui me laissent perplexes sur la bonne conduite à tenir. Comment trouver le juste équilibre entre ce que nous voulons et ce que nous avons à offrir. Je ne sais pas.


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