samedi 6 avril 2013

Moralisation: un référendum serait une escroquerie

L'idée d'un référendum sur la moralisation de la vie publique est déjà mal barrée: elle est ce matin attribuée au patron du PS, Harlem Désir, lui-même inquiété  il y a quelques années, alors qu'elle a été émise pendant la dernière campagne présidentielle par François Bayrou, qui avait même livré un projet de cadre de cette moralisation.

Alors, pourquoi une escroquerie?

Les Français ont voté, au printemps dernier, en faveur d'un homme, François Hollande, et d'une majorité de gauche, dont le programme prévoyait déjà cette rénovation de la vie politique. Voter, c'est donner un mandat à une équipe pour mettre en œuvre une politique. Pourquoi devrions-nous voter pour un plan? Que les hommes politiques prennent leurs responsabilités, élaborent un projet de loi et suivent le processus législatif de la République! Une commission "œcuménique" - dont on nous a vanté la neutralité politique -  n'a-t-elle pas livré son verdict, dirigée par un ancien Premier ministre qui avait juré se retirer de la vie politique?

A quoi servirait ce référendum?

Très clairement à faire taire le peuple, pas à lui donner la parole! C'est un proche de François Bayrou qui m'interpelle justement sur un vote oui-non au plan présenté ci-dessous. Or ce plan serait forcément à minima puisqu'il ne peut pas faire plus d'une page ni même être trop complexe, il ne peut pas être amendé et dans son élaboration ne peut donc retenir que le tronc commun des propositions gauche-droite. Ce sont les seules qui permettront de les faire adopter si les plus médiatisées d'entre elles nécessitent de modifier la constitution...

Mais quid des questions qui pourrissent la vie politique, par exemple sur le plan local? Des exemples?

Est-il normal qu'un homme politique soit candidat pour un poste en sachant qu'il ne va pas exercer ses responsabilités parce que déjà élu ailleurs être conservant cette place que pour la fin de son strapontin ministériel?

La loi sur le financement des partis politiques est allègrement contournée par TOUS les bords politiques, y compris les faussement moralisateurs du Front national ou Front de gauche?

Quand verra-t-on un registre des lobbyistes et des contraintes pour les politiques qui font la navette entre les lobbys et la politique, profitant des premiers et influant les seconds au gré de leur carnet d'adresses. Par exemple, outre Cahuzac, est-il normal qu'un préfet soit le conseiller spécial d'un groupe du BTP en train d'acheter l'avenir de la France avec ses partenariats publics-prives?

Comment le plan réglera-t-il la question de ces maires qui bloquent certains projets tant qu'ils n'ont pas reçu leurs valises? D'ailleurs, si vous avez bien lu certaines idées autour du choc de simplification, les maires auront un pouvoir accru qui pose question en termes de transparence financière...

Je pourrai continuer pendant des heures sur ces questions que le référendum n'abordera pas. Mais quand vous aurez voté, même si vous n'êtes que 50% des électeurs - pas delà population... - le politique pourra alors lever les mains au ciel en vous renvoyant vers votre vote...

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