vendredi 17 mai 2013

Le diable ne s'habille plus en Le Pen?

Je ne sais pas vous, mais depuis quelques mois, quand un homme politique affirme sans sourciller que "le changement, c'est maintenant", je commence à me méfier. Jeudi soir, dans un complément d'enquête aligné dans l'espace temps avec la conférence de presse du président, François Hollande, celui que l'on présente comme le stratège du Front national, Florian Philippot, a incliné l'axe du parti d'extrême droite.

Désormais, a-t-il expliqué, la dédiabolisation du FN est terminée, l'équipe de Marine LePen est engagée pour représenter une alternative pour gouverner. Il y a là un point fondamental à une heure de médiatisation exacerbée. Il n'y a pas de raison que le FN ne cède pas lui aussi aux incantations. Là où d'autres espèrent qu'il suffit de répéter que la situation va s'améliorer pour qu'elle s'améliore, je mettrai bien un billet sur la progressive disparition du mot "dédiabolisation" du langage médiatique...

Wordle: Le discours de François Hollande
Les 25 mots les plus utilisés par François Hollande. Avec 21 fois Europe et 10 fois européenne, cette dimension devance "France" et un trio composé de "réforme, avenir et entreprises"

François Hollande l'a compris. J'en suis sûr. Son investissement sur la scène européenne relève ainsi d'un triple intérêt.
  • L'Allemagne est en période électorale et comme Merkel doit donner l'impression à ses électeurs de ne rien lâcher tout en menant campagne, Hollande s'engouffre dans la brèche, précieuse pour ses pairs du SPD;
  • Désigner l'Europe comme source de financement, c'est se promener sur une crête entre deux versants de vide européen jusque-là désignée comme la mère de tous les maux en se ménageant la possibilité d'y revenir en cas de besoin;
  • Enfin, parler d'Europe, c'est aller au choc frontal avec le Front national qui a prévu, qui avait prévu, de faire du raffut sur un référendum sur la sortie de l'euro, de l'Europe, en début d'année prochaine.
Hollande qui emprunte beaucoup aux socialistes qui ont marqué l'Histoire s'aligne sur l'autre Président socialiste de la Ve République, François Mitterrand, qui a toujours joué avec le Front national pour affaiblir la droite. Là, la piteuse élection à l'UMP a plombé le parti où les appétits sont énormes, offrant un espace inespéré à Mme LePen.

Et déjà, on voit se profiler une bipolarisation inédite: la France qui ne s'en sortira que dans une "Fédération européenne" contre une France repliée sur elle-même. Entre l'endettement et le tissu industriel en piteux état, on se croirait presque revenu à la fin des années 1950. Quel que soit leur bord politique, en pleine guerre froide, les hommes politiques avaient fini par s'entendre à minima. Aujourd'hui, la guerre est à gagner. Une "guerre" économique contre des pays émergents conquérants.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Publicité