dimanche 14 juillet 2013

Juncker, le joueur d'échecs, prêt pour l'UE?

Il n'aura pas fallu 48 heures après sa démission organisée, sa course à l'investiture et l'officialisation par le CSV, le parti chrétien-social, pour que Jean-Claude Juncker soit soupçonné de viser le poste de président permanent du Conseil de l'Union européenne, que le Belge Herman Van Rompuy abandonnera à l'été prochain, à la fin de son mandat.

Il n'aura fallu que DEUX déclarations, l'une du patron des conservateurs au Parlement européen, le Français Joseph Daul.  Il "a toute ma confiance et mon soutien pour les échéances électorales nationales et européennes à venir", a affirmé dans un communiqué M. Daul. Sauf qu'à bien lire le communiqué de l'Alsacien, on comprend qu'il n'évoque pas les plus hautes fonctions européennes.

L'autre est venue du journal autrichien Kurier, qui va beaucoup plus loin sans que cela ne soit véritablement une surprise. Pour Margaretha Koepening, Juncker a tout simplement ridiculisé à la fois l'opposition et son partenaire de coalition en allant franco vers de nouvelles élections huit mois avant la date prévue...

La journaliste indique que le Luxembourgeois s'est entretenu avec le chancelier autrichien, Werner Faymann et le patron de la Basse-Autriche Erwin Pröll. Et ce n'est parce que le vice-président du Parlement européen, Othmar Karas, nuance l'intérêt de Juncker pour la plus haute fonction européenne en expliquant que Juncker fait toujours exactement ce qu'il veut que ma confrère doute un instant de la future "candidature" de Juncker.

Réalité ou pas, cette ambition est toutefois inavouable pour celui que des journalistes ont surnommé "le dernier dinosaure européen". M. Juncker avait déjà quitté ses fonctions de président de l'eurogroupe en expliquant vouloir se reconcentrer sur le Luxembourg. Logiquement, il a donc une nouvelle fois réaffirmé que le job ne l'intéressait plus.

Non pas qu'il ne l'intéresse pas. Mais il ne peut l'avouer. Un des pères de l'Europe moderne occupe aussi cette figure paternaliste dans son pays, un rôle exacerbé par la crise. Près de deux électeurs sur trois voient encore en lui le pilote auquel ils peuvent faire confiance. L'affaire qui l'a obligé à revoir les plans a surtout révélé des lacunes dans la gestion des services secrets mais on est loin des scandales d'Etat vus dans les autres pays européens. Principale victime: Luc Frieden, parmi les hommes clés du gouvernement, accusé d'avoir mis la pression sur les juges d'instruction du Bommeleeer, l'Affaire du Luxembourg sur ces mystérieux poseurs de bombes des années 1980 à replacer dans le contexte de la guerre froide. Et l'autre figure tutélaire, François Biltgen, a lui aussi quitté le gouvernement pour aller remplacer le fidèle Jean-Jacques Kasel, à la Cour de justice de l'Union européenne...

Mais le parti est en ordre de marche. Dès jeudi, images et slogan de campagne étaient déjà prêts. La "summer fest" du soir même a été l'occasion d'afficher l'unité entière et totale du CSV et de ses cadres. De la joie, des sourires et tous réunis. Tous sauf une? La vice-présidente de la Commission européenne, Viviane Reding, que d'aucuns voyaient déjà revenir alors que d'autres aimeraient la voir être le visage des conservateurs pour les élections européennes de mai prochain. Une double ambition qu'elle a rejetée, faisant de Barroso le candidat naturel du PPE à un nouveau mandat et arrosant les journalistes européens d'une phrase pour renouveler sa confiance à Juncker pour le Luxembourg.

Mais ceux qui voient Juncker occuper le poste de super intendant de l'UE - une vision du rôle de président du Conseil de l'UE qui était loin de lui plaire - oublient un "détail": la couleur politique APRÈS les élections en Allemagne, à l'automne également, et les élections européennes. Si on dit beaucoup que le poste de Van Rompuy lui a échappé à cause de Sarkozy, d'autres, moins entendus, affirment que c'est à Angela Merkel qu'il doit d'avoir été éliminé. Imaginez un instant une réélection de Merkel et un parlement européen moins conservateur, il y aura moins de chance que les "socialistes" et associés laissent passer l'occasion de récupérer un poste ou l'autre...

Pour l'instant, on l'aura compris, il s'agit d'être réélu dans une majorité qui peut fonctionner. Point barre.

1 commentaire:

  1. Le Gladio aurait été dissout en 1990 au Luxembourg, cependant, les responsables du service auraient continuer à espionner illégalement sans que le Premier Ministre n'intervienne...!

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