dimanche 11 novembre 2012

Ni Copé, ni Fillon...

Copé - Fillon? Fillon - Copé? Entre les deux, votre coeur balance? A une semaine du scrutin inédit à l'UMP, il s'agit de redonner au premier parti d'opposition de France un président depuis la défaite d'un Nicolas Sarkozy, dont le nom est de plus en plus sur toutes les lèvres. Un premier indicateur que les deux seuls candidats qualifiés pour cette élection n'ont pas réussi à s'imposer en dehors de l'héritage de leur mentor.

Mais pour qui voter?

Pour un maire de Meaux qui a patiemment gravi les étages dans l'ombre de son maître à qui il emprunte toute la panoplie qui lui avait permis d'arriver à l'Elysée? Les militants de l'UMP seraient particulièrement audacieux alors que la justice devrait dans les années qui viennent continuer à se pencher sur les quelques affaires qui ont mis les dirigeants de droite dans de beaux draps: Bettencourt et, surtout, Karachi. Quel rapport avec Jean-François Copé? S'il s'affirme droit dans ses bottes et fier de ses amis, l'ancien ministre du Budget est accusé par l'ex-femme de Takieddine d'avoir permis à des amis de son millionnaire d'ex-mari de bénéficier de largesses fiscales. Est-ce qu'on imagine, avec les propositions de la commission Jospin (10% de proportionnelle et parrainage de 150.000 citoyens entre autres) plutôt favorables au Front national de Marine Le Pen, quel effet pourrait avoir la médiatisation d'un président de parti rattrapé par la justice, même seulement pour s'expliquer devant la justice?

Fillon, mieux inspiré qu'à Matignon?

Reste François Fillon, qui aura fait campagne une fesse assise sur un coin de table après ses blessures à répétition. L'ex-Premier ministre souffre à mon sens de deux handicaps. D'abord, il a été aux manettes du gouvernement et a donc eu tout le loisir de décliner ses idées. Vous n'y pensez pas, ma bonne dame, avec Sarkozy à l'Elysée.. Ah bon? Pourtant, dans chacun de ses meetings, il aura rappelé ses trente ans de carrière politique, dans l'ombre ou au coté des plus grands. S'il restera de son passage à Matignon une impression de sobre sérieux, moule dans lequel s'est installé son successeur, comment imaginer qu'il puisse être porteur d'un nouveau projet? A moins d'y voir la patte de Laurent Wauquiez ou de Valérie Pécresse...

Et puis, il y a dans ses idées de mauvaises idées. Sur cette volonté de donner un coup de pouce aux jeunes pour les lancer sur le marché du travail, il n'est guère différent de cette incongruité socialiste. Incongruité parce que mettre dans une même expression les mots "emplois" et "d'avenir", c'est témoigner dès le départ du peu de confiance dans son dispositif. Pour un jeune, un emploi est toujours porteur d'avenir. Ou dans son avenir, il y a toujours la volonté de décrocher un emploi. Mais le problème est ailleurs: toutes les études montrent que les emplois faiblement qualifiés vont progressivement disparaître au profit d'emplois hautement qualifiés. Et quand on aspire à diriger le premier parti de France, on doit vouloir permettre aux jeunes Français de tirer leur épingle du jeu. Il faudra étudier dans des disciplins délaissées. Peut-être longtemps. Et pas profiter d'un dispositif provisoire.

NKM et Le Maire, disqualifiés trop tôt

Prenez par exemple son idée de développer une police européenne aux frontières extérieures de l'Union européenne. Elle est tout simplement inapplicable. Inefficace. En 2050, la population de l'UE ne représentera que 3% de la population mondiale. Selon des statistiques de la Banque européenne d'investissement, il faut s'attendre à voir 50 millions de personnes vouloir entrer sur le territoire de l'UE chaque année. Est-ce qu'on peut imaginer que la solution passe par une police européenne?

Non, le vrai courage de l'UMP aurait été d'avoir un candidat moderne pour tourner une page avec une nouvelle génération. Laurent Wauquiez lui-même. Ou Nathalie Kosciusko-Morizet. Ou mieux encore, Bruno Le Maire. Mais le verrouillage de l'élection avait eu lieu bien en amont, rendant difficile le rassemblement autour de ces deux derniers candidats. Il y avait là un double intérêt: la confiance en soi face à ces jeunes loups et le vent frais de leurs idées dans le débat.

Un choix qui pourrait coûter cher à l'UMP dans les cinq années à venir...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Publicité