samedi 17 novembre 2012

Sarkozy vous remercie...

La campagne pour la présidence de l'UMP, qui s'achève lundi - on croise les doigts - avec l'élection de son président, aura surtout été l'occasion de s'apercevoir que ni Jean-François Copé ni François Fillon n'ont réussi à reléguer au second plan l'ex-président. A peine raccompagné sur le perron de l'Elysée par un maladroit François Hollande, on ne peut pas dire que l'homme pressé aura mis des bâtons dans les roues de ses "successeurs" en occupant de son plein gré le champ médiatique. Et pourtant, lundi encore, à la faveur d'un dépouillement catastrophique, il était encore sur toutes les lèvres. De son temps, pareil déconfiture ne se serait certainement pas produite...

A part sur quelques clichés qui cherchaient l'homme blessé comme on prend sa revanche sur un fanfaron qu'on a trop vu pendant cinq ans, Nicolas Sarkozy a repris dès le lendemain de la transitiono à l'Elysée le cours d'une vie plus normale, installant son cabinet d'avocat et entamant une carrière d'intervenant vedette, comme d'autres chefs d'Etat ou de gouvernement célèbres avant lui, de Bill Clinton à Tony Blair en passant par Gerhard Schröder. Une nouvelle vie qui va probablement lui offrir ce qui lui manquait à son arrivée à l'Elysée: un réseau international de premier plan. Comme il n'est plus en responsabilité, plus besoin de montrer les muscles, plus besoin de s'exprimer sur tout, tout le temps et partout, plus besoin de donner des leçons de morale à la terre entière. Cette attitude qui avait tellement énervé les autres ténors politiques avant qu'ils ne pouffent devant la caricature du personnage, devrait être jetée aux oubliettes s'il entend enfin incarner le père de la Patrie.

On l'oublie très souvent, mais cela avait été une de ses premières maladresses: ses premiers jours de fausse retraite sur le yacht de Bolloré pour aller "habiter la fonction présidentielle". Ce sont ses mots d'alors. De la proposition de ses conseillers en communication qui lui avaient suggéré d'aller se retirer deux ou trois jours dans un cadre austère, il n'avait retenu que la première partie de la phrase, préférant tout à son style aller enfiler un caleçon hawaïen et jet-seter... Pour quelqu'un qui avait passé tant de temps à se raser en pensant à cette ambition, cela avait placé son quinquennat sur de bien mauvais rails.

Dix ans et quelques beignes plus tard, Nicolas Sarkozy aura vieilli. C'est bête à dire et à écrire mais c'est une évidence. Animal politique comme Jacques Chirac avant lui, il apprend en permanence. Quel que soit le choix des militants à jour de cotisations dimanche, ses hommes de l'ombre l'attendent fidèlement, les uns dans l'association de ses amis, véritable shadow cabinet pour plus tard, et les autres à l'intérieur même de chacun des deux camps. Il aura tout le loisir d'observer l'action de ses adversaires politiques, de conforter ses convictions, d'ajuster son programme présidentiel avec son back ground de premier plan.

Et quand deux tiers des militants souhaitent votre retour, sur plus de deux mille personnes interrogées, soit à peu près un échantillon deux fois plus gros que celui qu'utilisent les sondeurs en France, il ne lui reste plus qu'à rester gentiment dans le jeu comme on entretient une page Facebook Fan sans avoir de véritable actualité...

Difficile de croire que Nicolas Sarkozy tire les ficelles, même en coulisses, du fiasco des primaires à l'UMP. Qu'il en tire un bénéfice, c'est indéniable. D'autant qu'on n'a guère entendu ceux qui prétendent à le remplacer un jour dans l'imaginaire collectif . Comment pourra-t-il durer jusqu'en 2016 sans trop se rapprocher de la lumière, voilà la véritable question que doivent se poser ses amis. Encore nombreux...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Publicité