jeudi 28 février 2013

Comment rendre l'Europe détestable? Par la gestion de la pauvreté!

Franchement, l'Union européenne a parfois des idées détestables! Alors même que l'on termine tout juste de parler de la baisse inévitable de l'aide alimentaire d'urgence aux plus démunis en Europe, la faute à un budget pluriannuel terminé aux ciseaux, l'UE organise son grand coming out de l'aide aux plus pauvres sans avoir fait son travail. Explication.

Mercredi. Comme tous les mercredis, les commissaires européens, réunis en collège, publient un certain nombre de décisions comme un Conseil des ministres classique. Dont ce plan d'action pour éradiquer la pauvreté dans le monde. En la matière, l'Union européenne n'a de leçon à recevoir de personne, en même temps, elle figure parmi les plus riches de la planète, ce qui en fait forcément un acteur de référence en terme de solidarité avec les plus démunis...

Par exemple, entre 2004 et 2010, l’aide de l’UE a permis à 32 millions de personnes d’avoir accès à l’eau potable, à plus de 9 millions d'enfants d'aller à l'école primaire et à plus de 5 millions d'enfants de se faire vacciner contre la rougeole.
Le catalogue des problèmes qui restent à surmonter est toujours aussi affreux! J'ai renoncé à vous donner des exemples parce que je suis incapable de trouver une hiéarchie des problèmes qui me convienne...

N'empêche. On venait juste d'oublier que l'aide alimentaire aux européens les plus démunis allait perdre quelque 150 millions d'euros après son changement de comptabilité budgétaire depuis la décision de la Cour européenne de justice. Donner autant de détails sur la volonté des Européens de jouer un rôle de premier plan sinon de leader sur la scène internationale alors que des millions d'Européens rejoignent chaque mois la cohorte des chômeurs et autres personnes en situation délicate, c'est donner le bâton pour se faire battre par les populistes de tout bois qui ne restent même plus tapis dans le bois de leur ignorance...

Ca, après tout, avec tous les hommes politiques qui nous serinent qu'ils sont de grands démocrates, ça devrait pouvoir se défendre sans trop de difficultés! Je sais bien que cela n'arrive pas pour une raison finalement assez simple à comprendre: à gauche, on est bien content de voir les populistes grignoter dans l'électorat conservateur pour l'affaiblir; à droite, on évite d'aller au clash avec ces mêmes populistes dont on pourrait avoir besoin pour être élus ou réélu...

Non, ce qui me gêne encore davantage, aujourd'hui, dans la communication de la Commission européenne, au-delà des intentions que je salue comme étant les seules capables de nous aider sur bien des plans, c'est qu'on nous a promis une refonte complète de l'aide publique au développement pour éviter les doublons, les mesures inutiles et autres absurdités sans effet. Seulement sur le terrain, personne ne veut lâcher du lest, personne ne veut renoncer à la mission dont il s'est investi et la mutualisation des moyens et des organisations reste une vue de l'esprit.

Avec 53 des 96 milliards d'euros en 2011, l'Union européenne est pourtant en situation de devenir non seulement le premier donateur mondial mais aussi et surtout le plus efficace. Et en ces temps de difficultés économiques, il est grand temps que ces intentions soient inattaquables par les eurosceptiques de tout poil: élections en Allemagne à l'automne, élections locales en France, élections européennes, le calendrier électoral va momifier les bonnes volontés...

Besoin de rafraîchissement sur les promesses de l'UE, fin 2011?

Il y a ce bon papier de Julien Serre pour l'IEHJ.

Ou celui du CETRI qui détaille les problèmes en Europe dans un chapitre spécifique.

Il y a surtout, mi-janvier, l'analyse très pertinente de Jean-Michel Severino, le coordinateur européen, par chez nos confrères d'Euractiv.fr.

Et toujours rien pour nous expliquer comment l'UE a rationnalisé son aide au développement pour mieux utiliser son argent et être plus efficace...

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