mardi 26 février 2013

Les finances, le sujet qui fâche le patron de la "Moselle"

Lundi matin, France Inter. C'est le maire socialiste de Thionville, Bertrand Mertz, intervenant dans l'émission, qui invite ses fans sur sa page Facebook à réécouter Là-bas, si j'y suis. Dans cette émission consacrée aux partenariats public-privé, il y explique avoir refusé un PPP pour le renouvellement de l'éclairage public de 34 millions d'euros, qui aurait coûté à la Ville 3,24 millions de "loyer" par an contre un crédit de 3 millions sur la même période...

Mais Gaylord Van Wymeersch, qui s'y est collé, a essuyé les plâtres de l'agacement du patron du Département, Patrick Weiten, dont la chargée de comm' n'a guère goûté ses questions précises... A l'occasion d'Urbest, le salon lorrain de l'équipement urbain, dont je vous ajoute ici la liste des participants - toujours intéressant... -, Gaylord a osé demander à M. Weiten, qui n'aime guère être chatouillé sur les questions d'argent, si la multiplication de l'endettement de la Moselle en neuf ans avait conduit le président à signer des PPP pour 160 millions d'euros pour la construction de quatre collèges. "Ca ne maquille rien du tout!" a fini par répondre, un brin agacé l'ex-maire de Yutz, à qui le journaliste faisait remarquer que le PPP n'est pas comptabilisé de la même manière que des investissements...

(Ca se passe à partir de 23'29 sur le replay de l'émission. Mais ne vous arrêtez pas là parce que juste derrière, Gaylord se demande pourquoi la chargée de comm' s'agite sur le côté... et lui demande... C'est un peu surréaliste mais cela témoigne de la tension qui règne en Moselle sur les questions d'argent... (29'30").)

Surtout qu'il lui a tendu le micro peu avant 17 heures, heure de l'inauguration officielle du salon, juste après une conférence inaugurale... sur le projet ITEC-Lorraine d'implantation de PME chinoises qui viendront déverser leur production sur la Lorraine, voire cette région d'Europe... Si vous ignorez encore tout de ce projet, lisez ça.

Quel lien entre les deux? Le financement. Car ce projet, qui officiellement ne bénéficie pas de financements publics, est financé par... par... par on n'en sait rien! Même pas lui. Du moins pas officiellement. Ce n'est pas moi qui le dit mais lui. Lors d'une réunion publique que raconte la journaliste du Républicain lorrain, Laurence Schmit. En deux coups de cuillère à pot, il explique que c'est à l'Etat de vérifier l'origine des fonds...

TerraLorraine, des fondations en sable

Seulement TerraLorraine, ITEC-Lorraine comme vous voulez, vit sur des fondations en sable. Selon ses promoteurs, Régis Passerieux, trésorier de la Fondation de Nathalie Kosciusko-Morizet ADN, et Bruno Welsch, qui a repris le flambeau en août dernier, le projet est poussé par la Comex Holding.

Sauf que la Comex Holding n'existe pas, comme ils l'affirment, à Luxembourg. Elle est toujours basée à Shanghai. A Luxembourg, M. Passerieux a crée, avec une société spécialisée dans le montage de ce genre de structure (TotalServe Management) la Comex Euro Development SA. Une société anonyme. Sans aucun lien formalisé avec la holding chinoise...

TSM Services Luxembourg a de son côté lancé le 11 juin 2012 la Comex Euro Investments SA dont elle garde cette fois l'entier contrôle (les 100.000 actions à 1 euro) avec, toujours les mêmes administrateurs et gérants que ceux que l'on retrouve chez Vedra, Innova ou encore International Trading and Engineering Sitat... Au total, à l'adresse de TSM, on trouve près de 150 sociétés établies et je ne suis pas allé voir chacune d'entre elles pour vérifier qu'elles émanent bien de TSM.

La SICAR n'existe pas

Quant à la société de capital-risque censée apporter les cent cinquante millions d'euros nécessaires au développement du projet, la SICAR, ce n'est pas compliqué: elle n'existe pas. Dans un premier temps, les deux hommes avaient indiqué qu'il s'agissait de LA SICAR, puisqu'une des 200 SICAR existant à Luxembourg porte ce nom. Contactée, la commission de surveillance du secteur financier a toutefois indiqué que cette société n'était pas surveillée. Autrement dit  qu'elle ne pouvait pas lever des fonds comme les SICAR.

Pour qu'une SICAR puisse fonctionner, ses statuts doivent être enregistrés pas un notaire, puis publiés par le registre du commerce, voire publiés au Memorial qui enregistre tous les mouvements de sociétés depuis leur création. La SICAR n'est autorisée à travailler que lorsqu'elle répond à un cahier des charges très précis. En aucun cas, elle ne peut précéder la société à laquelle elle est rattachée.

Comex Euro Development existe depuis juin 2012. J'ai passé une par une à partir des newsletters mensuelles de la CSSF qui recensent toutes les Sicar qui ont été crées jusqu'à février. Aucune ne travaille pour la Comex ni même TSM.

D'où viennent les 150 millions? Les a-t-on seulement?

Interrogé, le préfet de Lorraine, représentant de l'Etat, a laconiquement indiqué qu'il considérait pour l'instant que l'affaire était purement privée et commerciale.

Pas de réponse plus précise du patron de la Région. Questionné samedi 17 février dans l'émission "La Voix est libre" sur France 3 Lorraine, Jean-Pierre Masseret a dit avoir demandé à savoir dans quel secteur d'activité travaillent les sociétés chinoises qui seraient prêtes à venir et vouloir intervenir en terme de formation au moment opportun...

Nos investisseurs ont les reins solides et ne sont pas pressés de récupérer leur argent, a dit en substance M. Welsch. Il vaudrait mieux. Mais les questions restent entières: d'où viennent les 150 millions et quel retour d'hypothétiques investisseurs pourraient attendre?

Des questions que l'on se pose quand même au plus niveau de l'Etat, comme en témoigne cette réponse de ministre à Anne Grommerch, la députée de Thionville.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Publicité