mercredi 27 mars 2013

UE: d'abord les 11,2 milliards de 2013 et ensuite le reste...

Ce pourrait être un marronnier de journaliste. Ce texte, je l'ai publié il y a un mois et demi. Hier, les ministres européens des Finances devaient décider de payer cette ardoise de 11,2 milliards d'euros pendant le déjeuner, ouvrant la voie à la négociation sur le cadre financier pluriannuel 2014-2020... Car ce que l'on présente comme une rallonge n'est que le paiement des arriérés européens de 2012...

Ce marronnier, ce n'est que celui de l'ancien ministre français et député européen, Alain Lamassoure, qui est le premier - le seul? - tous les ans à mettre le sujet sur le tapis comme le montre cette version de l'an dernier: comme tous les ans à la même époque, la Commission européenne a annoncé hier que si les Etats membres ne mettaient pas la main à la poche, l'Union européenne serait en défaut de paiement pour 2012.

Il reste une ardoise de 11,2 milliards d'euros à effacer... Ce qui, au fond, est assez invraisemblable pour plusieurs raisons:
  • Ce sont des paiements liés à des programmes, en grande majorité de politique de cohésion. Qui dit programme dit programmation et se retrouver tous les ans avec un peu plus d'argent à donner relève un tout petit peu de l'amateurisme, même si c'est vrai, il est des choses qui évoluent en cours d'année.
  • Le sujet n'a pas grand chose de neuf puisque dès la mi-décembre, le président du Parlement européen, le social-démocrate Martin Schulz, s'en offusquait. Sauf qu'à ce moment-là, il y a trois mois et demi, le montant de la rallonge n'atteignait que la moitié de cette somme (6 milliards d'euros dont une partie du financement d'Eurasmus). Autrement dit, en trois mois, le montant du trou a augmenté de... 95%. Je vous laisse imaginer la tête des fonctionnaires des institutions européennes si un Etat membre affichait un bilan dans le rouge de deux fois plus que ce qui était prévu trois mois plus tôt!
  • Et puis, puisque le sujet est récurrent, n'est-il pas au fond un peu superflu de la part des chefs d'Etat et de gouvernement d'amputer le budget que la Commission européenne prépare chaque année pour devoir finalement s'acquitter d'une rallonge trois ou quatre mois plus tard? Il y a là une logique de la théâtralisation qui nuit à l'image de l'Union européenne.
D'autant qu'il faudra dès cette année intégrer les 655 millions d'euros qui correspondent aux paiements auxquels la Croatie pourra prétendre dès son adhésion, cet été, alors qu'elle contribuera pour 211,9 millions d'euros au budget européen.

Et on savait déjà avant de commencer l'année qu'il manquerait au moins cinq milliards d'euros pour 2013, c'est le montant de la différence entre la proposition de la Commission européenne et ce que le Conseil européen a retenu. Défaut de paiement, vous avez dit défaut de paiement.

Si vous n'y comprenez rien, allez faire un tour sur ce nouveau document de l'UE, qui s'adresse à tout le monde, quel que soit son degré de compréhension de la chose européenne...

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