jeudi 4 avril 2013

Cahuzac: pourquoi je pense que Moscovici doit démissionner lui aussi

Le ministre des Finances, Pierre Moscovici, devrait emboîter le pas de son ex-ami, aussi vite lâché par tous les socialistes que pris par les épaules la veille... Non pas par considération politique ou policienne mais parce qu'il a à mon sens violé le strict secret fiscal, en essayant d'utiliser des journalistes contre ceux qui avaient levé le lièvre de ce rocambolesque mensonge...

  • Acte 1. Médiapart publie l'enregistrement et ses premiers articles documentés.
  • Acte 2. Cahuzac est innocent et Médiapart est une bande d'ignorants qui ne connaissent rien au métier de journalistes d'investigation.
  • Acte 3. Comme cela ne suffit pas à calmer l'athmosphère, l'administration fiscale envoie une demande d'information à son homologue suisse en vertu des accords de coopération classiques entre deux Etats.

Une minute de pause: en faisant cela, c'est bien connu de ceux qui traitent les affaires autour des commissions rogatoires internationales, tout dépend de la formulation de la question. Avec les pays où la finance est d'une importance majeure, la moindre faille dans la question est aussitôt exploitée pour répondre à côté de la plaque. Tout le monde le sait.

Une minute de pause bis. Vous aurez remarqué que j'ai écrit "l'administration fiscale". Qui est non seulement parfaitement dans son droit mais aussi dans son devoir! Elle est informée d'un citoyen qui tenterait de lui échapper, elle agit.

  • Acte 4. La réponse arrive à Paris. Elle n'est pas publiée mais des extraits filtrent dans la presse, qui titre aussitôt: La Suisse blanchit Cahuzac. Je ne vous mets pas de lien, sûr que vous les avez lu par vous-mêmes.

C'est là, c'est précisément là que vient le problème. Pour Médiapart, jamais démenti ni même inquiétée, c'est le ministre de tutelle, le ministre des Finances, Pierre Moscovici, qui a donné les informations. Ou au mieux son cabinet. Et a donc en toute connaissance de cause violé le secret fiscal. Dans la "louable" intention de donner de l'air à un ministre au bord de l'asphyxie, enfermé dans son mensonge. Enfin selon cet inattentu pure-player de journal satirique de Lot-et-garonne qui a pu le joindre depuis sa démission.

Hier, un autre homme politique, moins exposé, le député de Meurthe-et-Moselle, Christian Eckert, par ailleurs rapporteur général à la commission des finances, publiait sur son blog, un post pour assurer que Moscovici a tout fait dans les règles de l'art, disait-il après avoir eu accès aux pièces du dossier comme le ministre s'y était engagé mercredi lors des questions au gouvernement.

La réponse suisse précise que les avocats de Jérôme CAHUZAC ont expressément autorisé la transmission de ces informations.

Elle confirme l’absence de compte ouvert à l’UBS au nom de Jérôme CAHUZAC ou de compte dont il serait ayant droit pour les périodes allant de 2006 à 2010. L’enquête en cours devra préciser sous quelle forme, auprès de quelles institutions et via quels intermédiaires les comptes que Jérôme CAHUZAC reconnait aujourd’hui avoir détenus ont été ouverts.

D’autres pièces du dossier confirment la transmission de ces courriers à la police judiciaire dès leur réception.
Christian ECKERT a pu également prendre connaissance des instructions données par Jérôme CAHUZAC à son administration pour demander à partir du 10 décembre 2012 de ne plus avoir à connaître, ni directement ni via son cabinet, des informations existantes ou à venir relatives à son dossier fiscal personnel.

Je me suis toutefois permis de demander à M. Eckert si M. Moscovici n'avait pas violé le secret fiscal en voulant blanchir son ami.

"C'est une bonne question...", m'a-t'il gentiment répondu...

Moscovici, tout sourire quand la réponse suisse a été évoquée, indique aujourd'hui chez nos confrères de Médiapart qu'il ignore QUI a renseigné les médias mais pas son service ni lui-même.
Le JDD affirmait que « selon l’entourage du ministre », la réponse suisse ne laissait « aucune place au doute ». Interrogé par Mediapart, Moscovici qualifie aujourd'hui cet article d'« opération de com montée par je ne sais qui ». « J’avais refusé de répondre au JDD, comme le directeur général des finances publiques, comme tous les membres de mon cabinet », assure-t-il.
Car de toute façon en dehors de celui qui a reçu la réponse des Suisses, personne n'aurait dû y avoir accès.... Alors en parler à la presse...

Un nouvel article indique que Moscovici aurait su dès décembre que Cahuzac mentait.

2 commentaires:

  1. ça commence à sentir le roussi on dirait !

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  2. Moscovici a assumé ces infos confidentielles pourtant livrées aux anti-mediapart

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