mercredi 10 avril 2013

Secret bancaire: le changement dû... aux Américains! Pas à Hollande...

Personne n'aura probablement remarqué mais le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, a terminé son traditionnel discours sur l'Etat de la Nation - le dernier avant les élections législatives de l'an prochain - quasiment en même temps que commençait l'intervention télévisée du président de la République française, François Hollande, englué dans les affres de l'affaire Cahuzac.

Et alors?

Le premier venait d'annoncer devant les députés pourquoi le Luxembourg était désormais plus enclin à abandonner le secret bancaire, qu'on lui a remis régulièrement dans les dents sur la scène européenne... Le second a indiqué créer à la fois un parquet spécifiquement dédié à la lutte contre la corruption et l'évasion fiscale et vouloir peser sur la thèmatique en Europe en créant notamment sa propre liste des paradis fiscaux.

Mais là où le Français espère faire croire qu'il jouera effectivement un rôle, le Luxembourgeois a été clair: c'est la faute aux Américains. Aux autorités américaines. Qui, les premiers, ont trouvé la parade avec le secret bancaire derrière se cachaient quelques-uns de leurs compatriotes en Suisse. Ils ont "simplement" indiqué que faute d'obtenir les noms des fraudeurs, aucune banque ou aucun établissement financier suisse ne pourrait ni travailler sur le marché américain ni avec des intérêts américains. Si les Suisses ont politiquement ronchonné, ils se sont assez vite exécutés.

Et le Luxembourg - et bientôt l'Autriche - en fera autant pour cette unique raison! M. Juncker a même poussé le bouchon jusqu'à affirmer sans sourciller que de toute façon le Luxembourg n'avait pas construit sa place financière sur l'argent sale ou qui tenterait d'échapper à une fiscalité nationale. Même si le passage par Luxembourg de nombreux flux financiers ont quand même permis au pays d'avoir une expertise connue et reconnue partout sur la planète dans certains types d'investissement.

A peine son discours terminé, l'Agence de développement de la place financière, Luxembourg for finance, publiait un très bon post sur son blog. Il y a quatre ans que le Luxembourg s'est résolument dirigé vers l'échange automatique d'informations. Mais je ne vais pas vous en parler pendant cent lignes parce que vous allez le lire, c'est ce que vous ne devez pas rater.

D'autant que pour les spécialistes, les mesures annoncées par Hollande ne vont rien changer...

Le président français, lui, compte publier sa propre liste des paradis fiscaux. La liste de ceux qui ne coopéreront pas avec l'Etat français n'aura aucune incidence sur la scène européenne ou internationale puisque la liste officielle existe déjà et est contrôlée par l'OCDE... aussi basée à Paris. A quoi bon alors faire croire que cela est précurseur alors même que le mouvement n'a pas attendu les socialistes français pour s'engager? Un mystère de la politique et de la communication.

Pour ceux qui voudraient savoir comment planquer de l'argent où, reste toujours cette belle infographie du consortium international des journalistes d'investigation, ICIJ.

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