lundi 27 mai 2013

Et si l'UE engageait les "hackers" d'ArcelorMittal...

Vous pensez qu'on peut tirer un parallèle entre Mittal l'industriel et tous les hommes politiques européens? Oui, on peut: il suffit de préconiser que le roi de l'optimisation fiscale du groupe industriel ait un CDI dans les institutions européennes. Ou qu'on installe une bande de "copieurs" des stratégies d'optimisation fiscale pour que l'Union européenne puisse faire évoluer ses stratégies AVANT que la guerre ne soit terminée... Comme d'autres engagent des hackers pour bénéficier de leurs compétences à contourner le système.

C'est idiot?

Prenez les intérêts notionnels dont on parle régulièrement. Depuis fin octobre, exactement.

2005. Didier Reynders met en musique une idée de Bruno Colmant: alors que les groupes qui s'endettent peuvent déduire des intérêts bancaires de leurs emprunts pour financer de l'investissement, ceux qui se modernisent sur leur trésorerie ne peuvent pas le faire. Il crée dont les "intérêts notionnels". Ni une ni deux, ArcelorMittal crée "ArcelorMittal Finance and Services Belgium, basé au 66 boulevard de l'Impératrice à Bruxelles, pour y mettre jusqu'à 46 milliards d'euros sur les 100 au total que les plus avertis des grandes compagnies auront mis de côté pour obtenir des rabais fiscaux de l'ordre de 3% du total...

Fin octobre dernier. Alors que les syndicats gueulent poliment contre les restructurations des usines du groupe qui ne sont pas directement en bord de mer et découvrent ce joli dispositif qui n'est pas de la fraude fiscale puisqu'il est permis par la loi mais bien de l'optimisation fiscale, ArcelorMittal rapatrie 38,7 milliards d'euros à son siège de Luxembourg, un mouvement déjà entamé les années précédentes mais de manière nettement moins visibles.

Le truc le plus prodigieux est que ce système est unique en Europe, avec la bénédiction de l'Etat français qui a validé le dispositif par l'intermédiaire du Conseil d'Etat.

Seulement les temps ont changé: après cinq années de crise, les sidérurgistes chinois s'apprêtent à lancer sur le marché des tonnes d'acier à un prix défier toute concurrence. Au point que le 10 mai dernier, M. Mittal lui-même s'est fendu d'un appel larmoyant à l'Union européenne:
« Des tarifs croissants devraient être imposés sur les importations, ou une surtaxe devrait être instaurée sur l’acier arrivant en Europe de pays où les normes environnementales sont très faibles », a-t-il alors expliqué, selon Médiapart. « Les dirigeants européens doivent sauver l’industrie européenne. Quelle que soit la façon dont vous l’appelez, ce que je veux, ce sont des actions pour sauver l’industrie domestique, y compris l’acier »
Il sera intéressant de voir si ceux qui lui ont déjà fait un pont d'or quand il a commencé à vouloir racheter les usines des anciens pays du bloc de l'Est en piteux état recracheront au bassinet sans rien obtenir en échange de celui qui les a menés en bateau pendant des années sur le maintien des sites sidérurgiques européens. Il le sait: aucun homme politique n'a aujourd'hui envie de voir son pays, sa région, sa ville perdre de l'emploi.

Faut-il pour autant continuer à aller dans le sens de M. Mittal?

Non, disent déjà certains spécialistes comme Didier Van Caille, de HEC Liège pour qui l'avenir de Mittal n'est plus en Europe. Du coup, après un premier trimestre plutôt positif (...), l'homme d'affaires a lâché quelques millions de ci, de là pour moderniser l'une ou l'autre usine...

Et, du coup, on ne parle plus du tout de cette excellente étude sur ses droits à polluer, avec lequel il jongle très bien aussi...

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