mardi 11 juin 2013

UE: le plan acier entre un passé trop présent et un avenir trop futuriste

L'acier, un secteur d'avenir pour l'Union européenne? Si Bruxelles fait semblant d'y croire, c'est surtout parce qu'elle est tenue par ses propres statistiques:

  • 150 milliards d'euros de chiffre d'affaires (170 dans le pitch du plan hier)
  • 410.000 emplois (350.000 dans le pitch)
  • 1,25% de la main d'oeuvre
  • 200 millions de tonnes soit 16% de la production mondiale en 2008
Accusé de ne rien faire pour empêcher la lente agonie du secteur rythmée par les annonces du numéro un mondial ArcelorMittal, le commissaire européen, Antonio Tajani, a failli par mettre tout le monde autour d'une table...

Pour le résultat que je vous livre ici brut de décoffrage:



Un Mittal qui avait fait rire les observateurs en demandant aux Européens de mieux protéger le secteur contre la concurrence...
« L’Europe a besoin d’une politique industrielle globale […] qui doit s’attacher à réduire les coûts opérationnels comme ceux de l’énergie qui sont élevés. Que l’Europe se consacre à favoriser la croissance et encourage les investissements plutôt que prendre des mesures d’austérité », affirme un communiqué du n° 1 mondial. Il insiste également sur la « nécessité d’assurer la compétitivité des producteurs nationaux face aux importations déloyales. »
Quand Etienne Davignon a déposé le premier plan Acier européen en 1981, rappelle la RTBF dans un article, il visait déjà à réduire les capacités de production de 30 millions de tonnes. Mais il bénéficiait alors du traité CECA (du charbon et de l'acier) qui a expiré depuis...

La Commission européenne ne peut donc que "tenter d’être le catalyseur de la ‘coalition des volontaires"...


Une position que les Verts sont venus confirmer AVANT même que M. Tajani n'officialise le plan...



Pour l'eurodéputée verte Sandrine Bélier, même les projets de reconversion à Florange sont en suspens...

« De nouvelles technologies européennes, comme le projet "LIS" sur le site de Florange en Lorraine (France), pourraient pâtir du manque de lisibilité sur les financements qui seront alloués au secteur. Ce plan d’action laisse également planer de sérieux doutes quant à sa réalisation concrète. La réforme du régime des aides d’État est la bienvenue au regard de l’exemple d’ArcelorMittal. Ce dernier après avoir bénéficié d’importantes aides d’État, sape le marché européen du carbone et multiplie les licenciements en Europe. Pourtant, l’agenda de la Commission n’est pas clair sur cette révision législative dans la perspective des élections à venir au niveau européen. Il est regrettable de voir la Commission réagir tardivement et de manière aussi molle. Sa vision stratégique privilégiant la finance par rapport à la transition énergétique du secteur, pèsera lourd dans l’avenir économique européen. »
Tajani le reconnaît en catimini dans son communiqué:


L’industrie sidérurgie mondiale affiche aujourd’hui une surcapacité de quelque 542 millions de tonnes, dont près de 200 millions sur le territoire chinois. Si la capacité reste stable après 2014, la demande pourrait ­– au rythme de croissance actuel – mettre cinq à sept ans pour s’y adapter. 
Pourtant, ajoute-t-il:
L’OCDE prévoit que la demande mondiale d’acier augmentera de 2,3 milliards de tonnes d’ici à 2025, principalement dans les secteurs du bâtiment, des transports et de la construction mécanique, en particulier dans les économies émergentes. Il est essentiel que l’industrie sidérurgique européenne soit préparée à exploiter pleinement cette nouvelle hausse de la demande. 


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